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Les Genevois bichonnent leurs poules

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Jeudi, 4 Septembre, 2014 - 05:52

Zoom. Facile d’entretien, le gallinacé s’épanouit aussi en pleine ville. A Genève, les projets d’élevages se multiplient. Visite dans celui du quartier des Grottes.

Sophie Gaitzsch

Juste derrière la gare Cornavin, à Genève, dans le quartier des Grottes, neuf poules gloussent dans leur enclos entouré de graffitis, indifférentes au tumulte du trafic. On remarque immédiatement l’appenzelloise, huppe élégante et robe tachetée. Il y a aussi la noire, la rousse, et des poules blanches suisses, les premières arrivées dans le poulailler à sa construction. «Une dizaine de familles du voisinage se relaient pour s’en occuper, raconte Marie Nydegger, membre de l’association Cour-Corderie qui gère le lieu. Il faut les nourrir, les abreuver et nettoyer l’enclos tous les jours, ce qui prend environ vingt minutes. La personne qui entretient ramasse les œufs.» En revanche, aucun coq à l’horizon. «Le poulailler en comptait trois, mais nous n’avons pas pu les garder, car ils étaient trop bruyants, sourit Marie Nydegger. Ils étaient mal réglés, ça devait être des ados!»

Facile d’entretien

Cette basse-cour d’un nouveau genre a vu le jour en 2012 dans le cadre de Cocorico, une initiative soutenue par la Ville de Genève, qui propose de réintroduire les poules dans l’espace urbain. Il existe deux autres poulaillers communautaires à Genève et trois sont en préparation, sans compter une dizaine de projets privés. Après les potagers et les ruches, le mouvement d’agriculture urbaine a donc trouvé un nouveau terrain d’expansion. Il faut dire que la poule est facile d’entretien et se contente de peu d’espace.

Ses principaux atouts? Elle donne des œufs frais en quantité et représente un moyen écolo de valoriser les déchets de cuisine, dont elle se nourrit volontiers. En Suisse romande, Genève est à l’avant-garde de ce phénomène déjà bien implanté aux Etats-Unis, où il est né, et dans certains pays européens comme la France, où l’achat de gallinacés par des particuliers explose.

L’initiative genevoise s’inscrit dans une réflexion sur la souveraineté alimentaire et les dérives de l’élevage industriel. Les poules de Cocorico proviennent d’espèces indigènes disparues des filières de production commerciale. «Toutes les poules pondeuses du marché, même celles des fermes bios, sont issues de races sélectionnées génétiquement pour les rendre plus productives, souligne Reto Cadotsch, responsable de Cocorico et pionnier de l’agriculture contractuelle dans le canton. Elles donnent entre 260 et 300 œufs par an, contre 120 à 150 pour les races anciennes. Le patrimoine génétique de ces hybrides appartient à quelques grandes multinationales.»

Autre écueil de la production de masse: les poussins mâles, inutiles à la production d’œufs, sont éliminés à l’âge de deux jours.

Si le projet séduit, c’est aussi parce que la poule, c’est chouette. «Les poulaillers urbains permettent de lancer une réflexion autour de l’élevage et de notre rapport à la terre de manière ludique, explique Chiara Barberis, responsable du service municipal chargé du développement durable Agenda 21, tout en soulignant le fort capital sympathie dont jouit le gallinacé. Ces projets favorisent également la cohésion sociale.» Un résultat qui s’est vérifié aux Grottes. «Nous avons dû nous parler pour nous organiser, alors que nous ne connaissions rien aux poules, raconte Marie Nydegger. Cela a donné lieu à de belles rencontres.»

Ce qui était auparavant une zone de parking «glauque», au dire des habitants, s’est métamorphosé en endroit vivant: une jolie terrasse de bistrot, un terrain où jouent les enfants et de la verdure côtoient aujourd’hui le poulailler.

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Lea Kloos
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