Décryptage. Voici, en six points, pourquoi la sélection des risques, et plus largement le système avec plusieurs assureurs maladie privés, ne peut pas fonctionner en Suisse aussi bien qu’une caisse publique. Il faut comprendre que nous ne sommes pas égaux devant le risque de maladie, explique notre expert avant la votation du 28 septembre.
Cet exemple simple vise à montrer que la «concurrence» dans le système des caisses maladie n’a rien à voir avec la concurrence normale. Avec les boulangeries, l’artisan tentera de faire le meilleur produit possible à un prix raisonnable. Les assureurs ont intérêt à donner le plus mauvais produit pour faire fuir les personnes qui ont le plus besoin de leurs services. Quant au produit principal, l’assurance, elles n’ont pas le DROIT de le changer. Même si en regard des coûts de la santé les frais administratifs des assureurs sont faibles, il faut se rappeler que, en montant absolu, ils sont gigantesques. Ce sont des centaines de millions de francs que se partagent ces sociétés. En plus, plus il y a de caisses, plus il faut payer de structures administratives différentes.
Les assureurs ne mettraient pas autant d’argent dans la campagne contre la caisse publique s’ils n’avaient pas un fort intérêt financier à maintenir le système. Si les assureurs gagnent de l’argent, c’est que d’autres paient cette somme. Ce sont nous, les assurées et les assurés, qui payons.
Il y a plein de domaines de l’économie où la concurrence est positive, permet de créer de la diversité. Mais pas celui-là. Espérons que, malgré la puissante influence du lobby des assureurs maladie, une majorité de la population acceptera d’aller vers un système meilleur et plus démocratique.
Samuel Bendahan
Député socialiste au Grand Conseil vaudois et docteur en sciences économiques, il enseigne actuellement à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), au Collège des humanités et fait de la recherche au sein du Brain Mind Institute. Son post a paru en français et en allemand dans son blog «L’économie pour tout le monde» sur www.hebdo.ch