Reportage. Le photographe Jean-Pierre Grandjean a immortalisé Win Sein, le plus grand bouddha couché du monde. Découverte d’une construction pharaonique.
Jean-Pierre Grandjean a découvert la Birmanie en 1989. Six mois après la grande révolte des étudiants et la prise de pouvoir de la junte militaire du Conseil d’Etat pour la restauration de la loi et de l’ordre. Une époque difficile où checkpoints, barbelés et couvre-feu limitaient les déplacements dans le pays. Il a été l’un des deux premiers Occidentaux à fouler la mythique Burma Road et à traverser la frontière terrestre qui sépare Lashio en Birmanie de Kunming en Chine. Alors âgé de 39 ans, ce graphiste de formation devenu photographe au fil du temps est depuis lors retourné à six reprises au pays des pagodes. «Ce qui n’a jamais atténué cette sensation de découvrir chaque fois un autre pays.» Et cela se voit.
De chacun de ses voyages au Myanmar, Jean-Pierre Grandjean a ramené des anecdotes. Et, surtout, des images. En noir et blanc ou en couleur. Hors des sentiers battus ou au cœur de l’action. Chacune raconte à sa manière l’univers fascinant de ce pays sur lequel souffle un vent de liberté toujours plus fort. En 2013, c’est sur la route qui descend de Moulmein vers Mudon, non loin de la rivière Kwaï et de son fameux pont, que le photographe franco-suisse a rencontré celui qui allait devenir son prochain objet d’expression visuelle: Win Sein.
Un monument de taille
Cent huitante mètres de long. Trente mètres de haut. Un corps labyrinthe composé de salles de retraite, de fresques et de statues de taille humaine. Win Sein mérite certainement le titre tant convoité de plus grand bouddha couché du monde. Encore en chantier, ce sage titanesque repose au bout d’une large route, bordée de cinq cents statues de bouddhas érigées en file indienne. Il est allongé sur le flanc droit et représente le bouddha historique qui, au seuil de sa mort, avait atteint le parinirvana, soit l’état de nirvana complet et définitif qui exclut toute réincarnation. Une œuvre inspirée du moine Bhaddanta Kesara qui en a dessiné les plans en 1994. Spectaculaire? Démesuré? Quel que soit le qualificatif qu’on lui affuble, ce lieu risque bien de devenir la nouvelle destination de pèlerinage des Birmans. D’autant plus qu’il sera prochainement rejoint par un confrère.
Sur la route qui sépare Mudon de Thanbyuzayat, un second bouddha géant est en effet en cours de construction. Assis cette fois. Mais tout aussi stupéfiant. Et pourtant, aucune concurrence n’est à prévoir entre les deux monuments. «La plupart des Birmans pratiquent le bouddhisme du «petit véhicule», également appelé hinayana ou teravada. Chacun doit alors œuvrer pour son destin et séjourner dans un monastère une fois dans sa vie.» Un contexte qui rend ces nouveaux lieux de pèlerinage particulièrement précieux et recherchés. Et donne aux hommes l’envie et la capacité d’élever des monuments, aussi pharaoniques soient-ils.
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Jean-Pierre Grandjean
Né à Lausanne en 1950, ce Franco-Suisse graphiste de formation deviendra tour à tour directeur artistique puis publicitaire. Il exerce aujourd’hui en tant que photographe et parcourt le monde, notamment autour du thème des religions.