HERITAGE. La grande banque s’est vu infliger au moins 20 pénalités par des autorités essentiellement étrangères. Le prix de l’agressivité des années Ospel.
Nouveaux responsables, nouvelle stratégie débarrassée de la funeste banque d’affaires: UBS s’est donné depuis l’an dernier les moyens d’un nouveau départ. Les excellents résultats publiés à la fin de juillet – un bénéfice trimestriel avant impôts de 690 millions de francs – et la reprise du reliquat de créances pourries assumées par la Banque nationale donnent des ailes au cours de son action.
Mais la banque traîne un lourd passif. Depuis 1998, année de sa fusion avec SBS, elle a été sanctionnée pas moins de 20 fois pour des montants s’échelonnant du million à plus de 1 milliard de francs. Si les premières années ont été plutôt calmes, le rythme s’est accéléré à partir de 2006, avant même l’éclatement de la crise financière.
Les litiges, avec des clients, des partenaires ou des autorités, sont une constante du monde des affaires. Toutes les grandes banques internationales se font périodiquement taper sur les doigts. Cependant, UBS sort du lot. «Son nombre élevé de sanctions est le fruit de la stratégie agressive des années Ospel, lorsqu’elle était pionnière dans tout ce qu’il fallait faire pour fâcher les gendarmes financiers», résume l’analyste Loïc Bhend, chez Bordier & Cie.
Les reproches, avant tout américains, vont des manipulations de marché aux viols d’embargo en passant par une information insuffisante des risques à ses clients.
Treize litiges en cours. Les plus grosses affaires ont été la manipulation du taux Libor (1,4 milliard de francs d’amende), la vente d’obligations municipales à des petits clients sans les informer suffisamment des risques (900 millions de dollars), la vente de produits toxiques aux institutions américaines de financement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac (885 millions de dollars), et l’assistance à l’évasion fiscale (780 millions de dollars). Le total provisoire de ce peu glorieux tableau de chasse avoisine 5,7 milliards de francs (voir le graphique).
Treize litiges importants sont toujours en cours, dont une plainte collective civile sur la manipulation du Libor, qui pourrait aboutir à une nouvelle amende stratosphérique. Par conséquent, UBS a provisionné près de 2,2 milliards de francs pour y faire face.
Ces charges s’ajoutent aux pertes monumentales subies par la banque dans le passé. Elles freinent son développement, ralentissent le renforcement de ses fonds propres, privent les actionnaires de dividende depuis 2008 et le fisc de rentrées depuis la même année. Mais il y a pire qu’UBS. JP Morgan, l’un des géants de Wall Street, a déjà été sanctionné pour un total de 6,9 milliards de dollars (6,47 milliards de francs) depuis 2009.