JURA/JURA BERNOIS. Les hôpitaux sont clairement pris en otage dans la campagne de la votation sur l’avenir des six districts.
Dans les six districts du Jura historique, le temps a suspendu son vol. Le 24 novembre prochain, les districts du nord et ceux du sud votent sur leur avenir. Le problème, c’est que les deux camps instrumentalisent le dossier hospitalier. Celui du «oui» à la réunification affirme que c’est la seule manière de sauver l’Hôpital de Moutier, tandis que celui du «non» prétend exactement le contraire.
En fait, il reste beaucoup de travail des deux côtés de l’actuelle frontière cantonale. L’Hôpital du Jura a dû préparer un plan d’économies qui doit lui permettre de retrouver l’équilibre financier d’ici à 2015. «L’Hôpital du Jura n’a pas suffisamment anticipé les conséquences du nouveau financement hospitalier, et nous avons perdu du temps avant de prendre de premières mesures», concède le ministre jurassien de la Santé, Michel Thentz.
Ce qui fait que l’an dernier, l’Hôpital du Jura a eu des coûts réels d’environ 12 000 francs, au lieu des 9756 francs accordés selon le tarif DRG.
Sacrifices. Selon toute vraisemblance, l’Hôpital du Jura devra sacrifier l’un de ses deux blocs opératoires, celui du site de Porrentruy, dès 2014 déjà. Mais la décision définitive n’a pas encore été prise. «Elle sera prise par le conseil d’administration de l’hôpital avec mon accord politique», précise Michel Thentz, qui souligne cependant: «Dans le Jura, nous avons déjà fait un effort de concentration.» A terme, Delémont devrait devenir le seul site de soins A, tandis que celui de Porrentruy se spécialiserait dans la réadaptation et la gériatrie.
Dans le sud aussi, il faut s’attendre à des restructurations, mais plutôt à l’horizon 2020. L’Hôpital du Jura bernois compte toujours deux sites de soins aigus, à Moutier et à Saint-Imier, et maintient une maternité pour 310 naissances par an seulement. Est-ce jouable à long terme? Le directeur général de l’hôpital, Dominique Sartori, refuse d’entrer en matière sur cette question qui fâche. «Nous travaillons dans une logique de fidélisation de nos patients grâce à de nouvelles prestations», insiste-t-il. L’hôpital a ouvert une unité de dialyse, proposé de nouvelles compétences dans la médecine du sport et de l’ORL, et enregistré une hausse sensible d’accouchements (de 250 à 310 en un an) dans sa maternité de Saint-Imier.
Sous le diktat d’un Grand Conseil impitoyable, le canton de Berne est l’un des plus durs quant à la mise en œuvre de la réforme de la LAMal. Exclu de camoufler un déficit de ses hôpitaux en gonflant les prestations d’intérêt général, comme le font plusieurs cantons romands.
Ce qui fait dire au chef de la Santé, Philippe Perrenoud: «Cette LAMal a été pensée pour un plat pays qui n’est pas le mien. Notre canton a de nombreuses régions de montagne où se posent des problèmes d’accessibilité aux hôpitaux.»
Pour Michel Thentz comme pour lui, il devient urgent de travailler au niveau de tout l’arc jurassien afin que le Jura, le Jura bernois, mais aussi le canton de Neuchâtel, coordonnent leurs prestations hospitalières: «Si nous ne le faisons pas au niveau politique, c’est le marché libre, sous la pression des assureurs, qui redessinera la carte hospitalière à notre place», conclut Philippe Perrenoud.
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