VAUD. Contrairement à presque tous les cantons romands, Vaud vit la réforme hospitalière dans une certaine sérénité. Le marché hospitalier y reste très régulé.
C’est probablement le canton romand qui a le mieux amorti le choc du nouveau financement hospitalier. Pas de restructurations douloureuses, pas de recours sur les deux tarifs DRG non plus. D’une poigne ferme, le chef de la Santé socialiste Pierre-Yves Maillard a encadré la réforme grâce à plusieurs mécanismes correcteurs qui ont fait leurs preuves.
Le Vaudois ne cache pas ses réserves envers le système DRG. «C’est un bon serviteur dans la mesure où il apporte plus de transparence, mais un mauvais maître: car réduire les allocations de ressources des hôpitaux à un seul mécanisme tarifaire, forcément imparfait, c’est par exemple s’empêcher d’augmenter les capacités des soins intensifs pédiatriques, même si c’est nécessaire. Ce serait faire courir des risques à la population», affirme-t-il.
Le canton de Vaud s’est montré très prudent en faisant figurer des cliniques privées sur sa liste hospitalière. Il avait calculé que s’il y avait placé la totalité de leurs 500 lits, il aurait dû absorber des surcoûts de plus de 80 millions. En ne gardant que 50 lits pour des cas rémunérés au tarif de l’assurance de base, il a limité la charge étatique à 15 millions par année tout en permettant au CHUV de se désengorger pour certaines prestations. «Nous avons bien amorti le choc», se réjouit Pierre-Yves Maillard.
Du côté du privé, on semble tout aussi satisfait, à en croire Philipp Teubner, le directeur de la Clinique Cecil, qui, avec celle de Bois-Cerf, appartient au groupe Hirslanden à Lausanne. «Notre stratégie de groupe a toujours consisté à figurer sur les listes cantonales, de manière à offrir aussi à l’assuré de base le choix entre un établissement public ou privé», déclare-t-il. En 2012, ces deux cliniques lausannoises ont traité 720 cas, un chiffre qui devrait passer à 960 cette année. «Nous sommes très contents de notre collaboration avec le canton», ajoute Philipp Teubner.
Solutions efficaces. Vaud connaît deux mécanismes qui corrigent les défauts des tarifs DRG. Il a maintenu de bons financements de prestations d’intérêt général d’une part, soit 200 millions pour le CHUV et 50 millions pour les hôpitaux régionaux. D’autre part, il pratique toujours un système d’enveloppe budgétaire pour chaque établissement. «Nous sommes parmi les seuls en Suisse à le faire. Cela permet notamment de protéger les hôpitaux en cas de chute conjoncturelle de leur activité et de limiter le risque d’incitation à l’activisme», relève Pierre-Yves Maillard.
Malgré un nouveau financement qui attise la concurrence et incite à la concentration des forces, le chef de la Santé a veillé à ce que le marché hospitalier vaudois reste l’un des plus régulés de Suisse. «Avec le CHUV, nous avons l’un des hôpitaux universitaires qui présentent les coûts les plus bas de Suisse. C’est la preuve qu’on peut rester efficient dans un système bien régulé», insiste le socialiste.
Mais ce dernier a su faire preuve de souplesse lorsque c’était nécessaire. Surmontant son scepticisme initial, il a fini par encourager la construction d’un nouvel hôpital à Rennaz, qui regroupe les activités de cinq sites existant dans la Riviera, le Chablais vaudois et valaisan. De plus en plus d’experts considèrent sa taille comme la masse critique à atteindre désormais pour un établissement de soins aigus: 300 lits pour un bassin de population de 150 000 à 180 000 personnes. En dessous, les plus petites structures devront recadrer leur mission ou fermer.
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