La bataille de Bremgarten
Morgarten, 1315. Les Schwytzois, aidés par les confédérés d’Uri, réduisent à néant la cavalerie lourde du duc Léopold Ier d’Autriche, bien décidé à les envahir. Cette première grande victoire sur la dynastie des Habsbourg assura la pérennité de la Confédération des III cantons, cet embryon de la Suisse moderne, amené à croître par la suite. Bremgarten, 2013. C’est une bataille autrement symbolique pour la Suisse qui se joue actuellement en terre argovienne. Une bataille pour les droits fondamentaux.
Le 6 août dernier, la petite commune de 6500 âmes voyait s’ouvrir sur ses terres un centre de requérants d’asile. Selon un accord passé entre la Confédération et la commune, ces derniers n’ont pas le droit de pénétrer dans les installations scolaires et sportives les jours de semaine, de 7 à 18 heures. Si la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a exclu une interdiction de piscine pour les requérants, il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire de nos blogueurs qui, à l’instar de Cesla Amarelle, se sont élevés contre ce «délire sécuritaire»: «La Suisse n’échappe pas à la tendance croissante qui existe partout en Europe de restreindre la liberté de mouvement des demandeurs d’asile. (...) Le hic, c’est que les limitations légales ne sont prévues que pour ceux qui troublent l’ordre public. (...) Or, dans le cas de Bremgarten, les restrictions s’appliquent pour tous les demandeurs d’asile sans même requérir l’existence d’indices. (...) Plus largement, la meilleure façon de pallier les potentiels problèmes serait de leur permettre de travailler ou, à tout le moins, de mettre en place des programmes d’occupation crédibles.»
Une situation intolérable pour Jacques Neirynck, qui fustige la Suisse, ce paradis fiscal avéré se payant le luxe de ne pas respecter les droits de l’homme. «Elle n’est même plus politiquement correcte. Les démentis officiels furent lamentables. (...) Eduqués par des instituteurs droit-de-l’hommistes, certains Suisses ingurgitent du bout des lèvres l’impératif catégorique selon lequel tous les hommes sont égaux. (...) Mais d’autres maîtres à penser leur inculquent aussi l’excellence de leur pays parmi tous les autres. (...) Et donc dans leurs petites têtes chahutées, ils opèrent une synthèse simplifiée: certes tous les hommes sont égaux, mais nous sommes plus égaux que les autres.»
Egalité. C’est précisément l’acception de ce terme-là qui pose problème dans la bataille de Bremgarten, déplore Johan Rochel. Selon lui, ce ne sont ni l’hygiène, ni le comportement alcoolique ou violent qui donnent lieu à des restrictions, mais seulement le fait d’être Autre. «A ce titre, il n’est pas surprenant que les esprits s’échauffent autour de la «piscine», lieu hautement symbolique. C’est en effet dans la piscine que les corps se touchent et, par l’intermédiaire de l’eau, se mélangent. (...) C’est là que l’Autre se fait le plus clairement voir et sentir comme Autre. Mais c’est également là que les plus sombres histoires de ségrégation remontent à la surface. En cet été 2013, il faut mener et gagner la bataille de Bremgarten.»
S’il milite pour le rapprochement des corps, c’est dans un tout autre registre que Patrick Morier-Genoud mène son combat: «J’ai souvent rêvé qu’une femme m’aborde et, sans préliminaires, me demande si je veux coucher avec elle. Vous imaginez comme cela serait sympathique si tous et toutes nous allions ainsi droit au but? Sans circonvolutions, sans fausse pudeur, franchement. Plutôt que de fantasmer semaine après semaine sur les si belles sensuelles sexy serveuses, plutôt que de minauder platement avec ses collègues de bureau, plutôt que d’inventer mille prétextes pour inviter la voisine (...), plongeons-y: voulez-vous coucher avec moi?» Persévère, Patrick, un jour tu la remporteras, ta bataille.
Blogs» Politique» Suisse - Union européenne
les politiciens suisses sont-ils encore crédibles?
Nos dirigeants politiques se comportent comme si la Suisse était seule au monde.
René Jost
Ueli Maurer claironne ouvertement qu’il faut s’éloigner de l’Europe et il s’envole démonstrativement à Pékin, pour aller caresser dans le sens du poil les dirigeants de la Chine et les féliciter de leurs succès économiques. (…) Christophe Darbellay attaque quant à lui de manière abominable notre ministre des Affaires étrangères qui a osé dire timidement que la Suisse doit aller à la rencontre de l’UE, si elle entend enfin régler le problème institutionnel qui pourrit depuis des années nos relations avec l’Union (…). Christoph Blocher, le plus indigne ancien conseiller fédéral de tous les temps, a annoncé, il y a une année déjà, qu’il conduirait la lutte «contre le contrat colonial» sur l’approvisionnement en électricité, de manière tout aussi «répugnante» que celle qu’il a menée il y a vingt ans contre l’adhésion à l’EEE. (…) Le président du Conseil des Etats, Filippo Lombardi, dénonce la rage de régulation dont fait preuve l’administration bruxelloise tout en avouant que l’administration fédérale serait également atteinte par ce virus. (…) Tout le monde se comporte comme si nous étions seuls au monde, mais aussi en Europe. Comme si nous n’avions plus besoin de nos voisins du fait que désormais la lointaine Chine nous aime tellement. Et les politiciens suisses ne semblent plus être conscients que, pour conclure un contrat, il faut au moins deux partenaires (…). En outre, ils semblent ignorer que chaque partie sacrifie au profit de ses intérêts une partie de sa «souveraineté». (…) Personne ne pose la question des conséquences prévisibles en cas d’un détachement de l’économie de notre pays du marché interne européen avec ses 500 millions d’habitants. De plus, personne ne semble se préoccuper de ce qu’il adviendrait de la subvention d’un milliard d’euros accordée par l’UE sur dix ans à l’EPFL pour la recherche sur le cerveau, au cas où l’accord sur la coopération scientifique et technologique passerait à la trappe en même temps que les six autres accords bilatéraux I. (…) N’oublions pas non plus que le fait de n’être entouré que par des pays de l’UE donne à notre pays une sécurité extérieure bien plus efficace que celle que la «meilleure armée du monde», chère au président de la Confédération, ne pourra jamais nous offrir. Contrairement aux milliards que coûtera l’avion de combat suédois Gripen, si ardemment voulu par le chef du Département militaire, la Suisse peut laisser ses voisins supporter les coûts engendrés par cette sécurité extérieure
si efficace qu’ils nous fournissent gratuitement.
Blogs» Culture» Les lumières de la ville
La cinémathèque est à Locarno
L’institution lausannoise a contribué à de nombreux projets présentés dans le cadre du Festival du film.
Frédéric Maire
Permettez-moi un peu d’autopromotion. (…) La Cinémathèque suisse est présente en force à Locarno. Elle participe à la grande rétrospective proposée par le festival (en collaboration avec le Museo del Cinema de Turin) et consacrée à George Cukor; et elle contribue à l’édition du livre édité par Capricci en marge de la rétrospective qui sera ensuite présentée en septembre à Lausanne (et à Genève, au Grütli). Elle propose aussi deux récentes restaurations de films d’Alexander Seiler, l’un des pères du nouveau cinéma suisse et du cinéma documentaire en particulier (…). La Cinémathèque s’affiche aussi sur l’écran puisqu’elle a contribué, par la mise à disposition de documents d’archives, au film très attendu de Jean-Stéphane Bron, L’expérience Blocher (…). En plus, cette année, elle s’est retrouvée impliquée dans la finalisation du nouveau film de Pippo Delbono, Sangue, qui a été invité… en compétition officielle. C’est en grande partie à Lausanne, avec la participation de Casa Azul Films et de Fabrice Aragno, que ce film a été monté, mixé, finalisé. (…) Voilà pourquoi je ne me permettrai pas d’émettre un quelconque avis critique sur les films de la compétition. D’une part, parce que j’en suis! Et de l’autre parce que je trouve assez malvenu de la part d’un ancien directeur de venir commenter la sélection d’un de ses successeurs! Donc je me contenterai cette année de regarder Locarno de biais (…).
Blogs» Economie & Finance» Post Scriptum
Sept Sages? Mon c…, comme dirait Zazie
Autoriser la plantation d’OGM en Suisse serait scandaleux.
Michael Wyler
Dans sa suprême sagesse, le Conseil fédéral veut autoriser la plantation d’OGM dès 2018, pour le plus grand plaisir des milieux économiques, dont la clairvoyance nous a si souvent fichus dans la m… La résistance est encore maigrelette: un député UDC et les Verts. Or, qui dit OGM dit Monsanto, une boîte pourrie de chez pourri, malgré son «code de déontologie» qui fait 35 (sic) pages et montre bien que Boileau se plantait en affirmant «Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément.» Monsanto salaud? Certainement pas, si l’on en croit son site Internet. Plutôt des bienfaiteurs de l’humanité, enfants spirituels de l’abbé Pierre et de sœur Emmanuelle. (…) Je ne sais pas si les OGM sont de la m… ou pas. Mais je sais que Monsanto ment, triche, falsifie des études, ruine des fermiers et claque des millions pour influencer les gouvernements. Cela me suffit pour dire STOP!