Tout a été dit sur la magnanimité, la noblesse et la dignité des réactions du peuple français face aux ignobles assassinats perpétrés ces jours derniers par des bouchers massacreurs, rapidement retrouvés et abattus par une police compétente et déterminée. Sachant que ce forfait ne restera sans doute pas isolé, il est temps de s’interroger de nouveau sur les châtiments qu’une société socialo-libérale, jusqu’ici plutôt compréhensive et bonne fille face à une criminalité somme toute raisonnable, doit impérativement réapprendre à imposer.
Les Etats démocratiques, le nôtre y compris, sont aujourd’hui menacés par une clique de forbans, qui veulent détruire nos libertés et les remplacer par un «califat» où des Savonarole islamistes dicteraient leur loi. En d’autres termes, nous sommes entrés en guerre contre le XVe siècle. C’est là que ces canailles entendent nous réduire et nous renvoyer.
De beaux esprits fourvoyés proposent le sophisme douteux selon lequel garder de tels scélérats en vie si on les fait prisonniers serait le pire châtiment à leur imposer, puisqu’ils désirent la mort au service de leur cause. Rien n’est plus fallacieux.
La détermination et la férocité dont les bourreaux font preuve appellent de notre part une opiniâtreté et une constance brutales et implacables, fondées sur l’honnêteté intellectuelle, qui voit les choses comme elles sont et non point comme on voudrait qu’elles fussent. Les démocrates doivent en assimiler les termes et les exigences sans tarder, faute de quoi des mouvements fascisants se chargeront de le faire à notre place. Voici donc cinq vérités, déjà exprimées avant les attentats, dans lesquelles je persiste et signe.
Premièrement: les assassins se réclament de l’islam. Pas du maoïsme à la Pol Pot ou de la purification ethnique façon balkanique. C’est une erreur de nier ce fait évident. Il faut donc exiger de la communauté musulmane qu’elle condamne, ce qu’elle fait dans sa très grande majorité, qu’elle informe, ce qu’elle fait moins, et qu’elle collabore, ce qu’elle ne fait guère. La loi doit imposer le prêche dans une langue nationale ou en anglais, à l’exclusion de tout autre idiome. Le prédicateur se tiendra aux principes démocratiques libéraux, égalité des sexes comprise. S’il y manque, s’il appelle à la violence, il sera averti, puis arrêté et expulsé. S’il est Suisse, on le déchoira de sa nationalité au préalable. La communauté veillera à former ses jeunes disciples à la démocratie et à la tolérance. S’ils s’en détournent, elle le signalera à des autorités qui, dans un petit pays fédéraliste, demeurent proches d’elle.
Deuxièmement: la simple participation à des mouvements armés «islamistes» en Syrie ou ailleurs doit être punie férocement. Ce sera un crime, passible de cinq ans de prison au minimum et pouvant exposer à une peine plus sévère s’il y a lieu. Le condamné sera déchu de la nationalité suisse et, dans tous les cas, expulsé de Suisse pour dix ans au moins, privé de surcroît de toute prestation sociale quelconque sans égard à sa situation personnelle.
Troisièmement: les conditions de détention de ces criminels doivent être aussi inflexibles et intraitables qu’admissible dans un Etat de droit. Prison de haute sécurité dans un endroit perdu; pas de visites de qui que ce soit, à l’exception de l’avocat et d’un imam agréé; régime alimentaire spartiate et chiche; travaux forcés pénibles; pécule contrôlé et isolement complet les quatre premières années: pas de radio, pas de télévision, pas de cinéma, pas de livres (à l’exception des textes sacrés). Une vie dure à casser des cailloux en réfléchissant aux fautes commises.
Quatrièmement: la propagande djihadiste, l’appel à la guerre sainte, la simple condamnation des principes fondateurs de la société libérale sont des délits. Ils exposent leurs auteurs à des sanctions financières, à la prison au besoin et à la dissolution des associations où ils exercent leurs talents.
Cinquièmement: les assassins ne méritent aucune pitié. Quiconque s’en prend aux juifs en particulier – l’Europe a de bonnes raisons de se montrer intransigeante à cet égard – ou prend des otages et assassine de sang-froid doit être jugé, condamné et exécuté. La peine de mort n’est pas là pour dissuader. Son rôle est purement vindicatif et sécurisant.
L’Europe connut jadis une épouvantable vague d’attentats anarchistes, qui semèrent la panique à Paris notamment. Il y fut répondu férocement. L’anarchisme passa. C’est pourtant simple.
Sommaire
Cinq jours qui ont ébranlé le monde
La chronique de Jean-François Kahn: la France est capable de ça!
Pegida, nouveau visage de l’islamophobie
Liberté de la presse et démocratie, un lien qui ne va pas de soi
La liberté de la presse: et en Suisse?
Rire de tout, au risque de n’être pas compris
La chronique de Charles Poncet: le chagrin et l’absence de pitié
«Souvent, ils n’ont pas grand-chose à perdre, ce qui facilite leur passage à l’acte»
La France appelle à un Big Brother européen