Malgré de louables efforts, la députation neuchâteloise n’a pu empêcher le canton de prendre cinq à quinze ans de retard sur son réseau de voies de communication.
Pour le canton, c’est une législature de perdue. Deux grands projets, prêts à être réalisés, ont connu le naufrage en votation. Le peuple neuchâtelois a d’abord coulé le RER-Transrun, qui prévoyait notamment de relier le Haut au Bas du canton en quatorze minutes seulement par une nouvelle ligne ferroviaire. Puis il a contribué à enterrer la vignette à 100 francs lors du vote fédéral de novembre 2013, qui devait permettre la construction du contournement routier des communes de La Chaux-de-Fonds et du Locle. «Un immense gâchis», résume le conseiller national Jacques-André Maire (PS).
En fait, Neuchâtel a perdu plus que cela: dix ans, vingt ans peut-être. Sa députation s’était démenée durant des lustres pour amener ces projets à maturité et s’assurer la manne de Berne. Il faut désormais tout reprendre de zéro.
En ce qui concerne le RER, le Conseil d’Etat a présenté un projet intégré au programme d’investissements ferroviaires (PRODES), pour une étape à l’horizon 2030-2035. L’avantage, c’est que le nouveau projet, qui a été retenu comme l’un des huit étant prioritaires au niveau romand, serait financé totalement par la Confédération. L’inconvénient? Le risque subsiste qu’il soit recalé par Berne.
Retour à la case zéro
Et la H20, pour laquelle le doyen des députés neuchâtelois, Didier Berberat, se bat depuis qu’il est entré au Conseil national en 1995? Un crève-cœur! Elle était prête à être réalisée pour un investissement d’un milliard à charge de la Confédération en raison de son intégration dans le réseau des routes nationales. Là aussi, retour à la case départ. La Confédération s’apprête à créer un fonds pérenne pour les routes nationales (FORTA). Mais le tronçon neuchâtelois, bien que plus fréquenté et plus souvent encombré que le Gothard, n’est plus prioritaire. Il est passé derrière le contournement de Morges aux yeux de la conseillère fédérale Doris Leuthard.
Dans ce contexte déjà sombre, la députation neuchâteloise a encore perdu trois éléments chevronnés – Alain Ribaux, Yvan Perrin et Laurent Favre –, successivement happés par le Conseil d’Etat. Pourtant, elle n’a pas démérité. Son leader est désormais Raphaël Comte, qui pointe au 13e rang de notre classement. Succédant à Didier Burkhalter au Sénat, le jeune citoyen de Corcelles (36 ans) devait assumer un lourd héritage. Et il s’est affirmé plus vite que prévu. Les commentaires sont unanimement élogieux: indépendance d’esprit, clarté d’expression, simplicité. Ce sénateur qui réfléchit au-delà des clivages partisans évolue comme un poisson dans l’eau dans cet hémicycle feutré. «J’ai été très bien accepté, je m’y sens à l’aise», confirme-t-il. Sauf accident, il le présidera dès décembre 2015, soit cinq ans après y avoir accédé.
Derrière lui, un tandem socialiste, formé de Didier Berberat et de Jacques-André Maire. Le premier est connu, il a été nommé envoyé spécial du Département des affaires étrangères pour le Sahel. Le second gagne à être connu. Ce spécialiste des questions de recherche et de formation – un thème peu «sexy» pour les médias – s’est bien battu sur son terrain de prédilection: avec ses collègues, il a obtenu un crédit spécial de 100 millions pour des projets de recherche destinés à soutenir l’innovation en 2011 – alors que l’industrie d’exportation souffrait beaucoup du franc fort –, ainsi que la reconnaissance du centre photovoltaïque du CSEM comme pôle national d’excellence. Autre bonne nouvelle à propos de ce Centre suisse d’électronique et de microtechnique, qui emploie 450 collaborateurs, son financement a pu être pérennisé dans la loi sur l’encouragement de la recherche et de l’innovation (LERI).
La prochaine députation neuchâteloise perdra l’un de ses membres en automne prochain, ne disposant plus que de quatre sièges. Cela en dit long sur la panne de croissance démographique dont souffre ce canton. Au début du siècle, elle en comptait encore sept!
MÉTHODOLOGIE
Comment les parlementaires sont-ils notés? L’Hebdo a évalué l’influence des parlementaires selon les critères suivants: les commissions auxquelles ils appartiennent, leurs responsabilités, leur efficacité en commission, leur faculté à trouver des compromis, leur réseau en Suisse alémanique et leur cote dans le parti. Toutes les commissions ne se valent pas: la plus importante est la Commission de l’économie et des redevances (CER), créditée de 5 points. Suivent: les Commissions de la santé (CSSS) et de l’aménagement du territoire (CEATE), 4 points; les Commissions des transports (CTT), des finances (CdF) et des institutions politiques (CIP), 3 points; les Commissions de la science (CSEC), de la politique extérieure (CPE), de la sécurité (CPS) et de gestion (CdG), 2 points; enfin, les Commissions des affaires juridiques, de rédaction et judiciaire, 1 point. Les autres critères sont crédités de 1 à 10 points.
La présidence d’un parti, d’une grande association, d’une chambre et d’une commission donne droit à 2 points supplémentaires; la vice-présidence à 1 point. La présence dans les médias se base sur les données suisses des médias de presse écrite (SMD) durant la présente législature. La présence sur les réseaux sociaux (Twitter) et le taux d’absentéisme (voir politnetz.ch) n’ont pas été notés.
CLASSEMENT COMPLET DES PARLEMENTAIRES ROMANDS
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CLASSEMENT PAR CANTONS ET PAR PARTIS
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