La députation du canton reste la meilleure, mais l’écart s’est sensiblement réduit avec son homologue vaudoise.
Il n’y a pas photo, mais l’écart se réduit. La députation fribourgeoise reste largement la meilleure, plaçant quatre des siens dans les six premières places. Mais attention, derrière, la relève ne suit pas.
La force des Fribourgeois tient à leur cohésion, avec un tandem d’une redoutable efficacité au Conseil des Etats: côté socialiste, le partenaire d’Urs Schwaller a changé, Christian Levrat ayant succédé à Alain Berset. La tactique est restée la même. Le Gruérien mobilise ses troupes à gauche, tandis que le Singinois «travaille» le centre droit. C’est ainsi par exemple que tous deux comptent faire avancer le chantier de la réforme des rentes (AVS et prévoyance professionnelle). Le ministre de l’Intérieur, Alain Berset, n’a pas choisi par hasard le Conseil des Etats comme première Chambre pour lancer les travaux parlementaires sur une dynamique positive. Au National, nul doute que son projet aurait été laminé.
Vainqueur du classement de L’Hebdo, Christian Levrat s’est fondu sans difficulté dans le moule de cet hémicycle à l’ambiance très feutrée, sans tribune ni groupe de partis, où chaque sénateur s’exprime depuis sa place et écoute les autres. «Il évite un ton trop polémique et noue des alliances au-delà des frontières partisanes», s’étonne un observateur qui l’avait connu en syndicaliste capable d’actions coups de poing comme l’occupation d’un centre de tri postal à 4 h du matin. Il n’a cependant pas réussi la législature parfaite, devant aussi assumer sa part de responsabilité dans l’échec des opposants à l’initiative UDC «Contre l’immigration de masse». A force d’utiliser l’initiative pour obtenir de nouvelles mesures d’accompagnement, il a instillé le doute dans la tête de certains votants.
A droite, l’homme qui monte est aussi un Gruérien, Jean-François Rime, qui a pris la présidence de l’USAM, une grosse artillerie avec ses 270 associations représentant 250 000 (sur environ 300 000) PME en Suisse. Il forme avec son directeur, Hans-Ulrich Bigler, un duo qui généralement pèse sur les débats. Problème: sur un dossier capital pour les PME, cette belle machine s’est enrayée; alors que les petites et moyennes entreprises tiennent à la voie bilatérale, Jean-François Rime faisait partie du comité d’initiative «Contre l’immigration de masse» et, même s’il s’est abstenu durant la campagne, le comité de l’association s’opposait au texte. Aujourd’hui encore, l’USAM fait profil bas, laissant le soin de la mise en œuvre au Conseil fédéral.
Intérêts régionaux
Les ténors fribourgeois jouent donc les premiers rôles sur la scène nationale. Un ton en dessous, les autres s’occupent d’intérêts plus régionaux. Ils saluent le transfert en 2018 de 150 emplois de Liebefeld à Posieux-Grangeneuve au sein de la station de recherche Agroscope. Une décision prise par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann qui réjouit le directeur de l’Union suisse des paysans, Jacques Bourgeois. Sous son impulsion, ce lobby reste puissant au Parlement. Tout dernièrement, le budget agricole n’a été réduit que de 30 millions, au lieu des 125 prévus.
Pour la ville de Fribourg enfin, une décision de l’armée pourrait bien se révéler une aubaine. A la suite d’une motion PDC – signée par la totalité de la députation fribourgeoise –, Ueli Maurer a décidé de retirer ses troupes prioritairement en milieu urbain, dans le remaniement du stationnement de l’armée. La fermeture de la caserne de La Poya libérera ainsi 45 000 m² de terrain pour la construction de logements et l’arrivée de nouvelles entreprises créatrices d’emplois.
Voilà pour les faits d’armes. Au sommet de sa gloire, la députation fribourgeoise risque de connaître des lendemains qui déchantent. La retraite d’Urs Schwaller, l’avenir incertain de Christian Levrat à la tête du PS et le probable départ de Jean-François Steiert pour le Conseil d’Etat vont clairement l’affaiblir. A l’évidence, la relève n’est pas prête: les trois dernières arrivées au Conseil national, Valérie Piller Carrard, Christine Bulliard-Marbach et Ursula Schneider Schüttel, ont énormément de peine à y faire leur place.
MÉTHODOLOGIE
Comment les parlementaires sont-ils notés? L’Hebdo a évalué l’influence des parlementaires selon les critères suivants: les commissions auxquelles ils appartiennent, leurs responsabilités, leur efficacité en commission, leur faculté à trouver des compromis, leur réseau en Suisse alémanique et leur cote dans le parti. Toutes les commissions ne se valent pas: la plus importante est la Commission de l’économie et des redevances (CER), créditée de 5 points. Suivent: les Commissions de la santé (CSSS) et de l’aménagement du territoire (CEATE), 4 points; les Commissions des transports (CTT), des finances (CdF) et des institutions politiques (CIP), 3 points; les Commissions de la science (CSEC), de la politique extérieure (CPE), de la sécurité (CPS) et de gestion (CdG), 2 points; enfin, les Commissions des affaires juridiques, de rédaction et judiciaire, 1 point. Les autres critères sont crédités de 1 à 10 points.
La présidence d’un parti, d’une grande association, d’une chambre et d’une commission donne droit à 2 points supplémentaires; la vice-présidence à 1 point. La présence dans les médias se base sur les données suisses des médias de presse écrite (SMD) durant la présente législature. La présence sur les réseaux sociaux (Twitter) et le taux d’absentéisme (voir politnetz.ch) n’ont pas été notés.
CLASSEMENT COMPLET DES PARLEMENTAIRES ROMANDS
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CLASSEMENT PAR CANTONS ET PAR PARTIS
DANS LE MÈME DOSSIER
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