Ne faisant plus illusion que par le nombre voici quatre ans, cette députation a retrouvé équilibre et efficacité.
Cinq députés dans le top 10: c’est ce que l’on appelle en termes sportifs une bonne performance d’équipe. La députation vaudoise a retrouvé la forme, elle a clairement gagné non seulement en influence, mais aussi en équilibre.
A l’origine du rebond, il y a certainement ce rapport devenu presque fusionnel entre le Conseil d’Etat et sa députation. Comme les doubles mandats sont désormais presque impossibles à gérer en raison de la surcharge de travail, la coordination est désormais décisive pour s’imposer sur un dossier à Berne. Bien sûr, tous les cantons travaillent désormais sur ce plan, mais pas avec le même bonheur.
Or, c’est dans le canton de Vaud que cette collaboration porte le plus de fruits. Quatre fois par an, le gouvernement vaudois présidé par Pierre-Yves Maillard se rend in corpore à Berne pour y rencontrer la députation. De ce dialogue découlent des positions claires défendues à l’unisson – sur les questions stratégiques en tout cas – sous la Coupole, alors que les Genevois font parfois passer la politique partisane avant les intérêts cantonaux. «Je suis d’abord l’élue de mon canton avant d’être celle de mon parti», déclare ainsi Isabelle Chevalley. Celle-ci raconte s’être retrouvée totalement isolée dans son groupe pour une question de fédéralisme sur la formation des médecins.
Convention coulée
La victoire de l’arc lémanique sur le financement et l’aménagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF), qui profite beaucoup au nœud de Lausanne (1,2 milliard), est le fruit de cinq ans de travail. C’était certainement le plus gros dossier, mais de loin pas le seul. Les Vaudois ont énormément contribué à couler la révision de la convention sur les successions passée avec la France que proposait la ministre des Finances, Eveline Widmer-Schlumpf. Et lorsque les Vaudois ne sont pas d’accord entre eux pour des raisons idéologiques, ils ne provoquent pas d’esclandre sur la place publique. L’initiative socialiste pour la suppression des forfaits fiscaux avait tout pour les déchirer. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les camarades vaudois ont fait le service minimum lors de la campagne!
La députation vaudoise, même si elle manque encore d’un leader naturel, s’est en effet remarquablement équilibrée. Contrairement à Fribourg, elle présente un mix de vieux renards et de jeunes pousses très prometteuses. Premier de classe, Roger Nordmann. Le socialiste est devenu une sorte de pape de l’énergie au sein du Parlement, tant il a marqué de son empreinte le débat sur la stratégie énergétique 2050 concrétisant la sortie du nucléaire. En nouant des alliances avec le PBD (notamment avec son ancien président Hans Grunder) et avec le PDC (Yannick Buttet notamment), le socialiste a mis sous l’éteignoir l’UDC et le PLR, tout de même premier et troisième partis du pays.
Mais il n’y a pas que lui. A gauche, Luc Recordon, Adèle Thorens et Géraldine Savary jouent tous un rôle en vue, souvent sous-estimé. A droite, Guy Parmelin confirme sa très bonne maîtrise des sujets de santé avec la présidence de la CSSS. Au PLR, Isabelle Moret, désormais vice-présidente, poursuit sa progression, tandis qu’Olivier Feller s’affirme comme un précieux relais, que ce soit pour le Conseil d’Etat ou pour la défense des PME.
Quant aux jeunes pousses, elles font mieux que pointer le bout de leur nez. Jean Christophe Schwaab a déjà l’assurance d’un vieux briscard. Cesla Amarelle et dans une moindre mesure Isabelle Chevalley, respectivement incollables dans les questions de migration et d’énergie, sont aussi à créditer d’une bonne première législature. Quant à Rebecca Ruiz – qui vient d’arriver et qu’il est donc impossible de noter – elle a déjà beaucoup occupé le terrain en combattant l’initiative du PDC pour les familles.
Ce qui frappe enfin chez la députation vaudoise, c’est l’équilibre entre les sexes. Six femmes aux onze premiers rangs, alors que les huit dernières positions sont toutes occupées par des hommes. Aucun autre canton ne fait mieux. Il y a fort à parier que, dans quatre ans, les Vaudois disposeront de la plus forte délégation de Suisse romande.
MÉTHODOLOGIE
Comment les parlementaires sont-ils notés? L’Hebdo a évalué l’influence des parlementaires selon les critères suivants: les commissions auxquelles ils appartiennent, leurs responsabilités, leur efficacité en commission, leur faculté à trouver des compromis, leur réseau en Suisse alémanique et leur cote dans le parti. Toutes les commissions ne se valent pas: la plus importante est la Commission de l’économie et des redevances (CER), créditée de 5 points. Suivent: les Commissions de la santé (CSSS) et de l’aménagement du territoire (CEATE), 4 points; les Commissions des transports (CTT), des finances (CdF) et des institutions politiques (CIP), 3 points; les Commissions de la science (CSEC), de la politique extérieure (CPE), de la sécurité (CPS) et de gestion (CdG), 2 points; enfin, les Commissions des affaires juridiques, de rédaction et judiciaire, 1 point. Les autres critères sont crédités de 1 à 10 points.
La présidence d’un parti, d’une grande association, d’une chambre et d’une commission donne droit à 2 points supplémentaires; la vice-présidence à 1 point. La présence dans les médias se base sur les données suisses des médias de presse écrite (SMD) durant la présente législature. La présence sur les réseaux sociaux (Twitter) et le taux d’absentéisme (voir politnetz.ch) n’ont pas été notés.
CLASSEMENT COMPLET DES PARLEMENTAIRES ROMANDS
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CLASSEMENT PAR CANTONS ET PAR PARTIS
DANS LE MÈME DOSSIER
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