La valeur des logements, inférieure à la moyenne, ne subit aucune tension. Au contraire des rares zones prisées.
La petite route qui relie le centre-ville de Delémont à la chapelle du Vorbourg pourrait passer pour une sorte de Lavaux jurassien tant l’ensoleillement et la douceur du climat rappellent le bassin lémanique. Comme d’ailleurs la pression immobilière qui s’y installe. Chaque virage révèle son lot de villas d’architecte fraîchement inaugurées, que la végétation n’a pas encore eu le temps de cacher.
«La zone est désormais pleine. Il ne reste plus la place que pour deux petits immeubles. Sous l’effet de la rareté, les prix vont se mettre à grimper», souligne Dominique Nusbaumer, ancien responsable de l’aménagement du territoire du canton du Jura. Certains objets vastes et bien situés approchent désormais le million de francs dans ce canton où une simple villa peut en valoir moins de la moitié.
Le canton du Jura, longtemps terra incognita, est en train de s’inscrire sur la carte des investisseurs immobiliers. Rien qu’à Delémont, sa capitale, une demi-douzaine de promotions viennent de s’achever ou sont en voie de construction. Les périphéries ouest et sud du chef-lieu cantonal ont vu leur parc de logements largement remis à neuf ces dernières années, tandis que les gabarits qui se dressent ici et là en ville annoncent les projets à venir, dont une tour de huit étages et un écoquartier de 300 logements le long de la Sorne, la rivière qui traverse la ville.
«La construction de l’autoroute A16 contribue certainement à ce dynamisme. Lorsqu’elle sera terminée, à la fin de 2016 en principe, elle mettra Delémont à une vingtaine de minutes de Bienne», se réjouit Pierre-Alain Berret, porte-parole du gouvernement jurassien. La cité est déjà dans l’orbite bâloise, dont elle n’est éloignée que d’une bonne demi-heure.
Sur les hauteurs de Delémont, le mètre carré construit coûte 300 francs environ. Ailleurs, il oscille aux alentours de 200 à 250 francs. Le Jura s’éveille à la frénésie immobilière certes, mais il demeure une région particulièrement abordable. Surtout lorsqu’on s’éloigne de l’axe de la Transjurane. «Dans certains villages, on est loin de construire cinq maisons par année», poursuit Pierre-Alain Berret.
Des régions accessibles
La situation est similaire dans les deux autres cantons de l’arc jurassien, Neuchâtel et Berne. Des prix stables, accessibles – hormis quelques zones reconnues, comme la localité d’Auvernier, sur le coteau neuchâtelois – et un volume de construction incapable de réellement tirer les prix vers le haut, même s’il gagne en dynamisme.
A La Chaux-de-Fonds, un appartement de 4,5 pièces neuf est annoncé à un peu plus de 400 000 francs. A Neuchâtel, c’est un peu plus cher: de 600 000 à 700 000 francs. «Des locataires profitent de la situation de taux bas pour acquérir un bien immobilier, ce qui soutient les prix», relève Hervé Froidevaux, de Wüest & Part-ner. Les Montagnes neuchâteloises et le Jura bernois restent parmi les zones les moins coûteuses de Suisse, alors que le Jura offre des prix particulièrement abordables pour les maisons individuelles, selon une étude conjointe de l’EPFZ et de Comparis, le Real estate report.
La fin du taux plancher a bien sûr créé le même questionnement que partout ailleurs dans le pays, notamment en raison de l’incertitude planant sur les entreprises exportatrices, très nombreuses dans cette région horlogère et industrielle.
Reste que les risques de baisses des prix dans cette région sont nettement plus faibles que dans les régions «chaudes» de la région lémanique. Pour une simple raison, que résume Dominique Nusbaumer: «Sur l’arc lémanique et sur le Plateau, les investisseurs s’arrachent les lots à construire. Ici, dans le Jura, c’est le contraire: nous devons aller les chercher, les convaincre de venir.» Une telle prudence ne peut en tout cas pas provoquer de bulle immobilière, et encore moins de krach!
A lire aussi:
-Immobilier: les prix baissent et ce n’est pas fini!
-Arc lémanique, des prix sous pression
-Le Plateau: un fragile retour à l’équilibre
-Immobilier: Valais, un marché fortement divisé