Après s’être profilés comme le refuge de l’arc lémanique, le Nord vaudois et Fribourg risquent un sévère contrecoup.
Le poète romantique Alphonse de Lamartine chantait en 1820, dans ses Méditations poétiques, la perfection d’un moment de grâce avant que ne survienne le malheur. Un poème qui s’intitule Le lac. Loin des flots bleus du Léman, c’est exactement la situation que connaît le marché du logement sur le Plateau: en pleine santé mais menacé par le gros temps.
Cette région couvre le canton de Vaud au nord d’une ligne s’étirant des crêtes du Jura à la Haute-Broye, tout en incluant le Pays-d’Enhaut, et comprend aussi le canton de Fribourg. Elle connaît depuis plusieurs années un essor soutenu de son marché du logement grâce aux prix attractifs qui ont permis à une large frange de la classe moyenne d’accéder à la propriété, sans devoir débourser les fortunes nécessaires pour s’établir sur l’arc lémanique ou dans l’agglomération bernoise, autre pôle d’attractivité.
Cette forte croissance a particulièrement touché Fribourg, Bulle, Yverdon-les-Bains et Payerne. Et, malgré l’attractivité de ces villes, il est encore possible d’y acheter un appartement de 4,5 pièces pour moins de 500 000 francs et une villa familiale pour moins de 700 000 francs. «Des prix qui sont d’ailleurs en phase de stabilisation dans un contexte de construction encore dynamique», explique Hervé Froidevaux, de Wüest & Partner. Cette nouvelle tendance pourrait subir encore une évolution, à la baisse.
L’arc lémanique se montrant depuis près d’un an moins prohibitif, une frange de la classe moyenne hésite désormais à s’y installer afin de profiter d’une proximité des emplois, des centres urbains, des infrastructures, des transports, voire du climat.
Risque de suroffre
Ce retour sur les rives du Léman, qui ne s’est pas encore réellement amorcé, se fera au détriment des régions périphériques comme le Plateau.C’est dans cette dernière que réside le danger d’une offre de logements excédentaire par rapport à la demande en raison d’un possible tassement du nombre d’acquéreurs. Les conséquences se feront sentir par des taux de vacance plus élevés et des baisses de prix.
La grande question, c’est l’ampleur de cette baisse. Pour Hervé Froidevaux, elle devrait rester limitée, inférieure à celle sur l’arc lémanique de par la relative accessibilité des prix actuels. Par ailleurs, des villes comme Payerne ou Romont, qui ne sont certes pas de grands centres, voient leur économie se développer grâce à l’implantation de nouvelles industries créatrices d’emplois à même d’attirer et d’ancrer des habitants dans leur région.
Pourtant, comme ailleurs, le maintien de cette relative stabilité dépendra des réponses que la Suisse apportera aux questions d’immigration et à la hausse de sa monnaie par rapport à l’euro. Si l’arrivée des étrangers est fortement freinée, si les entreprises ne parviennent pas à répondre efficacement au défi du franc fort et divent supprimer des emplois, les logements vacants vont se multiplier, accélérant la diminution des prix, qui s’observe déjà ici et là.
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