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Immobilier: arc lémanique, des prix sous pression

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Jeudi, 5 Mars, 2015 - 05:59

De Genève à Montreux en passant par Lausanne, le bassin lémanique offre de nouveau des logements à la portée de la classe moyenne. A condition d’avoir de la chance.

«Prix baissé!» Impensable il y a quelques mois encore, cette exclamation orne la brochure de présentation d’une promotion immobilière de la région lémanique. Et il ne s’agit pas de l’une de ces constructions mal situées, mal desservies en transports, plantées dans une zone bruyante, au contraire. Elle offre la vue sur le lac ainsi que la proximité de services de bus et d’écoles. De plus, il s’agit d’un immeuble neuf, achevé il y a quelques mois seulement sur une ancienne friche industrielle à Saint-Sulpice, près de Lausanne.

En janvier dernier, face à la dif-ficulté d’écouler ses derniers appar-tements, le promoteur a décidé de réduire ses prix de 13%. Ce n’est pas pour autant l’époque des soldes. Se loger dans un lieu aussi privilégié continue d’avoir son prix, entre 990 000 et 1,8 million de francs pour des quatre ou cinq-pièces vaudois (sans la cuisine).

Cette contraction de prix illustre la difficulté, nouvelle, des promoteurs à écouler leurs objets en gardant les valorisations des années folles. «La pression se confirme depuis plusieurs mois, avec des baisses de 10 à 15% sur les prix des objets de moins de 2 millions de francs. Quant aux logements de luxe, leurs prix diminuent davantage, aux alentours de 20 à 30%», rapporte Etienne Nagy, directeur général du groupe Naef, l’un des principaux promoteurs de la région de Genève.

Il est vrai que l’apport de nouvelles habitations pour la classe moyenne et la perspective de voir le stock grossir encore ces prochaines années sur l’arc lémanique, avec notamment l’écoquartier des Vergers, à Meyrin, et ses 1250 logements disponibles d’ici à la fin de 2017, donne enfin un peu d’air à un marché chroniquement en apnée. Les premières «victimes» ne sont pas les nouveaux objets, mais plutôt les «occasions», ces logements qui s’inscrivent sur le marché de la revente. Les acquéreurs ne se précipitent plus sur la première occasion venue. Néanmoins, un appartement de 4 pièces neuf ne se trouve guère en dessous de 900 000 francs, et une villa coûte facilement de 1,5 à 2 millions de francs.

En région lausannoise, les prix restent moins élevés. Par conséquent, la baisse est peu marquée: aux environs de 7 à 10%, selon les professionnels. Le marché conserve son «dynamisme», selon le professionnel de l’immobilier, les acheteurs n’ayant pas disparu. Mais ils sont beaucoup plus encadrés par les banques, devenues plus strictes sur leurs conditions de crédit, ce qui a pour effet de réduire les possibilités financières des candidats à l’acquisition de logement. Aussi les visites d’acheteurs potentiels ne sont-elles pas moins nombreuses, mais les transactions se concluent à des niveaux plus modestes qu’à l’apogée du marché en 2012.

Dans l’attente d’une reprise

Jusqu’à quand cette tendance se poursuivra-t-elle? «Plusieurs mois encore», estime l’expert Hervé Froidevaux, de Wüest & Partner. «Certaines corrections au niveau local ne sont pas exclues», ajoute Roman Ballmer, de CIFI.

Les promoteurs espèrent toutefois une stabilisation, voire une reprise. Le Lausannois Patrick Delarive parie sur une progression des prix de 5% d’ici à 2016. D’autant que «l’activité se reprend après avoir marqué une pause vers la fin de l’année dernière, argumente-t-il. Je n’avais alors qu’une réunion par mois avec mes partenaires pour examiner de nouveaux projets. Depuis janvier, nous avons accéléré ce rythme à une rencontre par semaine. Mais, et c’est nouveau, nous devons nous montrer plus créatifs.»

Les bâtisseurs comptent beaucoup sur le retour des acheteurs que la hausse continue des prix avait chassés de la région lémanique et que la relative détente attire de nouveau, notamment près des grands centres urbains. Ils tablent aussi sur le fait que la pierre reste l’un des derniers investissements relativement sûrs offrant un rendement substantiel, de l’ordre de 4 à 5% par an, alors que les obligations de la Confédération ne rapportent plus rien du tout.

Leurs attentes pourraient être contrecarrées. Si le choc du franc fort se révèle trop violent, la classe moyenne hésitera encore davantage avant de s’installer sur les rives du Léman. De même si la politique d’immigration se durcit. Sans même mentionner le risque, certes très théorique mais pas totalement absurde, d’une remontée des taux d’intérêt dans quelques années. Celle-ci pourrait faire très mal à ce marché. 
 


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Régis Colombo, diapo.ch
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