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Locarno, du soleil et un peu d’ombre

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Jeudi, 22 Août, 2013 - 05:55

FESTIVAL DU FILM. Le bilan artistique de la manifestation est excellent. Sur le plan organisationnel, il reste cependant quelques points noirs qui doivent être rapidement améliorés.

La compétition internationale, d’abord. Pour sa première année à la tête du Festival du film de Locarno, l’Italien Carlo Chatrian a habilement su y réunir jeunes cinéastes et auteurs confirmés, œuvres de création et longs métrages plus classiques dans leur manière d’aborder le récit. Seul bémol, peut-être, vouloir inviter au Tessin des grands noms du cinéma a beau être une initiative plus que louable, il ne faudrait pas que Locarno devienne un refuge pour les films que d’autres festivals ont refusés.

Si le Japonais Kiyoshi Kurosawa et le Sud-Coréen Hong Sang-soo ont offert aux festivaliers suisses des réalisations à la hauteur de leur talent, le Français Emmanuel Mouret a par exemple déçu avec son poussif Une autre vie. Fallait-il lui offrir une place en compétition alors qu’il se murmure que la Mostra de Venise n’a pas voulu de son film? Non, évidemment. Mais force est de constater que sur les vingt films du concorso internazionale, les vraies déceptions n’étaient pas légion. Sans parler du reste de la programmation – rétrospectives (tout Cukor, quel bonheur), concours Cinéastes du présent, hommages et autres – qui a frisé l’excellence. Quant au palmarès, même si le Léopard d’or attribué à l’Espagnol Albert Serra pour son hypnotique Historia de la meva mort a surpris certains observateurs, il est des plus équilibrés. Il ne faudrait cependant pas que la réussite artistique du festival occulte ce qui a moins bien fonctionné. Car, à l’heure où le président Marco Solari répète à l’envi que sa seule stratégie est celle de la croissance, certains détails d’importance se doivent d’être améliorés.

Les cérémonies officielles ont été, pour une grande partie des spectateurs de la Piazza Grande, proches de la séance de torture. Mal préparées, longues et ennuyeuses, elles ont frôlé l’amateurisme total, à l’instar de la remise des Quartz du cinéma suisse en janvier dernier à Genève – mais là, au moins, on avait tenté une vague mise en scène. Lorsque le Vaudois Yves Yersin, lauréat d’une mention spéciale pour son émouvant documentaire Tableau noir, est monté sur scène pour expliquer, énervé, qu’on lui avait dit de revenir à Locarno chercher un Léopard d’argent et non un simple diplôme, ce qui n’aurait pu être qu’une anecdote devenait alors symptomatique d’un vrai problème organisationnel. Pour le cinéaste Jacob Berger, le discours de Yersin a également eu le mérite de montrer «la souffrance et la frustration du cinéaste suisse, dont la vie consiste à se lever en se demandant comment il va être humilié aujourd’hui, par quel producteur, distributeur ou fonctionnaire».

Gérer les sponsors. Autre point noir dans le bilan ensoleillé du festival, le rapport aux sponsors. Dépendant historiquement des aides publiques, la manifestation semble empruntée face à l’économie privée. Alors que certains partenaires, comme les appelle Marco Solari, se plaignent de n’être pas toujours bien traités, d’autres ont pris une telle ampleur qu’ils agacent le public et les professionnels.

Il en va ainsi de cette grande marque de champagne qui a eu droit à un spot publicitaire plus long que l’hommage à l’acteur recevant le prix honorifique qu’elle soutient.

Mieux vaudrait, à l’image de ce qui se fait ailleurs, offrir une meilleure présence quotidienne discrète à tous les partenaires du festival, par exemple au travers d’un simple carton promotionnel. Cela éviterait que certains logos soient surreprésentés au détriment d’autres.

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Urs Flueeler, Keystone
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