Cinq oligarques russes, proches du maître du Kremlin, ont un pied dans le pays. Certains y sont domiciliés, d’autres dirigent des entreprises qui jouent, parfois, un rôle important. Leurs amis, relais, partenaires, clients, obligés ou admirateurs locaux se recrutent aussi bien dans les milieux politique qu’économique, académique qu’intellectuel.
Les oligarques proches du Kremlin
Andrei Klishas
Membre du Conseil de la Fédération de Russie, l’ancien copropriétaire du géant Norilsk Nickel aurait placé sa fortune entre Chypre et la Suisse. Il est placé sous sanctions américaines et européennes. La Suisse interdit la conclusion de nouvelles affaires avec lui. Il a une adresse postale à Zurich et posséderait une grande maison sur les hauteurs de Locarno.
Arkadi Rotenberg
Ami de jeunesse de Vladimir Poutine et partenaire de judo, patron d’un empire allant de la construction de gazoducs à la banque, président du club de hockey Dynamo Moscou. Sa fortune est estimée à 1,5 milliard de dollars. Il est frappé de sanctions américaines et européennes. La Suisse interdit la conclusion de nouvelles affaires avec lui. Il siège au comité de Congrès SportAccord à Lausanne, qui organise diverses manifestations de l’association SportAccord, laquelle rassemble les organisations sportives faîtières dont le CIO (organisateur des JO de Sotchi en 2014) et la FIFA (organisateur de la Coupe du monde de foot de 2018 en Russie).
Guennadi Timtchenko
Partenaire de judo de Vladimir Poutine, copropriétaire jusqu’en mars 2014 du géant de négoce pétrolier Gunvor, basé depuis 2003 à Genève, sa fortune est estimée à 11 milliards de dollars. Il est frappé de sanctions américaines. Washington soupçonne que la société est en partie contrôlée par le président russe, ce qu’elle dément. Etabli à Cologny, où il ne se serait plus rendu depuis des mois, le milliardaire a créé en 2008 à Genève la fondation Neva que préside son épouse. Cette institution, qui fait du mécénat, a soutenu financièrement des spectacles au Grand Théâtre et au Victoria-Hall, des matchs du Genève-Servette Hockey Club, le Verbier Festival et la chaire de chimie bio-organique et d’imagerie moléculaire de l’EPFL.
Vladimir Yakounine
Considéré comme l’un des plus proches de Vladimir Poutine, dont il est partenaire au sein de la Coopérative d’habitation Ozero au nord de Saint-Pétersbourg, il préside la compagnie des chemins de fer russes. Il est frappé de sanctions américaines. Etabli à Moscou, il a ouvert en 2013 à Genève une antenne de sa fondation Saint-André Premier, dont le but est de financer le patrimoine national russe.
Igor Setchine
Intime du président Poutine depuis le début des années 90, il préside Rosneft, géant pétrolier qui a ouvert une importante base de négoce à Genève en 2011. Les Américains lui reprochent d’être excessivement loyal au président russe et l’ont par conséquent frappé de sanctions.
Les amis et les admirateurs de la russie
Walter Fetscherin
Ancien ambassadeur de Suisse reconverti dans les affaires, il est un défenseur remarqué de la Russie dans les milieux économiques suisses. Il se qualifie d’«ami de la Russie», mais pas de Vladimir Poutine.
Frederik Paulsen
L’homme d’affaires suédois établi en Suisse est membre de la Société géographique de Russie, comme Vladimir Poutine. Il a financé, et participé, à l’expédition qui a envoyé des sous-marins scientifiques russes sous le pôle Nord en 2007, puis a soutenu l’envoi de ces mêmes appareils dans le Léman en 2011.
Guy Mettan
Directeur du Club suisse de la presse, député PDC au Grand Conseil genevois, le journaliste préside la Chambre de commerce Suisse-Russie & CEI après une scission de la Joint Chamber of Commerce Switzerland-CIS/Georgia. Il est l’auteur de Russie-Occident, une guerre de mille ans, ouvrage paraissant en avril (Editions des Syrtes) dénonçant la russophobie aux Etats-Unis et en Europe.
Eric Hoesli
Professeur d’«area studies» à l’EPFL et à l’Université de Genève, le journaliste est un expert reconnu de la Russie. Il est notamment chargé d’approfondir les liens académiques entre ce pays et les institutions universitaires lémaniques. Il prend fréquemment la parole pour défendre le point de vue russe, notamment dans le conflit ukrainien. Il est proche de Frederik Paulsen.
Filippo Lombardi
Le conseiller aux Etats PDC tessinois et coprésident du Groupe d’amitié interparlementaire Suisse-Russie fait activement du lobby en faveur de la Russie. Son accolade avec Vladimir Poutine lors des JO de Sotchi a provoqué des froncements de sourcils dans les milieux politiques suisses.
Oskar Freysinger
Le conseiller d’Etat valaisan, conseiller national et vice-président de l’UDC soutient la politique russe en Crimée et en Ukraine. Il estime que «l’ennemi n’est pas du côté russe, mais chez les Anglo-Saxons».